Les heures s'étiraient dans les ténèbres de la nuit. Il était minuit et cela faisait deux heures qu'un jeune homme marchait sans but, longeant les façades en soupirant parfois. Les mains dans les poches, le garçon donnait des coups de pieds dans un caillou qu'il baladait depuis un petit moment. Armani, le visage fermé, cherchait des yeux un Némésis à combattre. Il ne se prenait pas pour un super-héros mais c'était en quelque sorte son boulot de trouver des Némésis pour les enfermer, tout ça afin de protéger la population des Ordinary qui ne pouvaient pas se défendre. Lui était un Psyckers, ce qui signifiait qu'il pouvait lire dans les esprits des gens mais aussi développer une forme de télékinésie latente qui se déclenchait lorsqu'il ressentait une émotion forte. Il faisait de plus en plus froid mais le jeune homme restait dans les rues, traînant comme une âme en peine entre les ombres. Son arme tranquillement dissimulée dans son jean, il avançait sans prudence, son badge de police à peine masqué par sa chemise noire. Il n'était pas en tenue de travail, pour éviter d'être assimilé à la police, au risque d'attirer la vengeance des Némésis. Plus le temps passait et plus ces gens polluaient la ville, enchaînant les mauvais coups. La journée, Armani traquait ces types en tant que policier, la nuit, il le faisait en tant que héros. Habituellement, Robin patrouillait avec lui mais ce soir, il se débrouillait tout seul. Il avait parfois besoin de respirer, d'être seul pour réfléchir à sa vie. Le jeune homme faisait battre son coeur d'une manière si intense qu'il se voilait la face en se disant que tout ça n'était que sexuel. Et pourtant. Il se mentait à lui-même. Un petit bruit attira son attention, un bruit qu'il n'avait pas remarqué dès lors. Un bruit qui résonna dans toute la rue lorsqu'un mur explosa juste devant lui. Une masse de muscles s'en extirpa, s'emparant d'un morceau de roche pour le lui balancer en pleine tête. Armani se jeta sur le sol, évitant de peu le rocher meurtrier. Un Strongers. Et merde. Un télépathe contre une grosse masse de muscles, le combat n'était pas gagné d'avance. Armani s'infiltra dans l'esprit du colosse, esquivant toutes ses attaques grâce aux pensées qui le trahissait. En lisant dans la tête du type, le policier était capable d'éviter ses gestes à l'avance. Désolé musclor, mais faut que t'apprennes à viser. Le gros type marmonna quelque chose dans sa barbe avant de reculer, souriant comme un débile. Et là, ce fut le drame. Un deuxième colosse -son frère jumeau, assurément- s'avança des ombres, dévoilant un rictus moqueur sur ses lèvres gercées. A deux contre un, le pronostic s'avérait plutôt défavorable pour Armani. Le policier s'empara de son arme, qu'il pointa rapidement en direction des deux colosses. Eviter les attaques d'une personne, c'était facile, mais de deux, le challenge était grand. Armani reculait à petits pas, avant de buter contre un mur. Et merde, cul de sac. Bon, assez rigolé, les mains en l'air.